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Une catastrophe humanitaire


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Chronique de Dominique Jamet...

Franchement, honnêtement… Vous en connaissez beaucoup, vous en croisez souvent, dans nos rues, dans nos villes, dans nos campagnes, des gens que le fracas des bombes qui tombent sur les pays en guerre, fussent-ils à quelques heures d’avion de nos rivages, que le déluge de feu qui s’abat sur les pays en guerre, en paieraient-ils depuis des années la terrible rançon de souffrance, de ruines et de morts, empêche de dormir ? Vivre en paix, cet inestimable privilège dont nous jouissons en France comme sur la quasi-totalité du continent européen depuis quelques décennies, nous semble si évident, si naturel que nous ne pensons pas plus, chaque matin et chaque soir, à en rendre grâce au ciel et aux hommes, que de l’air que nous respirons.

On s’habitue à tout, n’est-ce pas, et ceux qui, en vertu de cet autre et douteux privilège qu’est l’âge, ont traversé indemnes la deuxième guerre mondiale, en ont fait l’expérience et en gardent le souvenir. Mais s’il est un malheur auquel on s’habitue aisément, c’est sans conteste le malheur des autres. Que depuis quarante, trente, vingt ou dix ans, les enfants qui sont nés en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en Libye, au Yémen, n’aient jamais connu la paix, n’a jamais non plus sérieusement troublé les digestions de l’Occident qui se borne à constater placidement qu’ici on est mieux qu’en face.

Certes, la déstabilisation du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique et la montée consécutive de l’islamisme, du djihadisme, du terrorisme ne sont pas sans rapport avec ces conflits. Mais aucun d’entre eux n’a sérieusement affecté notre niveau et notre genre de vie, aucun d’entre eux non plus n’a contraint aucun Etat développé, quand même il y intervenait plus ou moins massivement, à recourir à la conscription. Ce ne sont pas les petits gars du contingent, ce ne sont pas les « boys », mais des soldats professionnels, en relativement petit nombre, qui combattent et qui meurent pour nous, sur des champs de bataille où on se demande parfois ce qu’ils viennent y faire. Mais ce sont, n’est-ce pas, les risques du métier…

Le drame que vit la Syrie entre dans sa huitième année. Sept ans déjà, de haine, d’horreurs, de tortures, de tueries, de massacres, sept ans d’une guerre civile inexpiable que toutes les puissances extérieures qui s’en sont mêlées et s’en mêlent toujours n’ont fait qu’entretenir, compliquer et envenimer jusqu’à en faire le conflit le plus internationalisé depuis la guerre de Corée. Cinq cent mille Syriens, parmi lesquels un tiers étaient des partisans, des soutiens ou des soldats du régime, contrairement à la thèse communément admise, qui voudrait que l’un des camps regroupe tous les bouchers et l’autre toutes les victimes, sont tombés depuis 2011, six millions ont fui l’enfer qu’était devenu leur pays…et ni l’ONU ni la « communauté internationale » ni les Etats-Unis et la Russie, ni l’OTAN et les pays arabes, ni l’Iran ni Israël, ni l’Union européenne et en particulier la France n’ont sérieusement cherché à éteindre l’incendie. Autour du brasier, il y a eu beaucoup plus de pyromanes que de pompiers.

Il est vrai que nulle part dans le monde, et pas même dans les pays les plus démocratiques, l’opinion publique ne s’est mobilisée et n’a pesé dans la balance. Or, cette relative inertie ne s’explique pas seulement par une indifférence qui confinerait à l’inconscience et un égoïsme qui frôlerait l’inhumanité. On ne dira jamais assez, à notre décharge, la lourde responsabilité qui incombe aux moyens d’information dont nous disposons, ou plutôt qui disposent de nous et nous manipulent à leur gré, c’est-à-dire au gré de ceux qui les possèdent et nous enfument. Ils sont pour beaucoup dans la coupable passivité du monde.

Les gouvernements et les dirigeants du monde entier ont retenu une fois pour toutes la leçon du Vietnam. Les divers développements et finalement l’issue de la guerre américaine du Vietnam se sont joués sur les petits écrans des Etats-Unis. C’est prétendument par délicatesse, par pudeur, par souci déontologique, que radios et télévisions nous épargnent les images et les sons qui risqueraient de heurter notre exquise sensibilité et traitent les citoyens du monde comme des enfants de dix ans. Paradoxe étonnant, alors que le progrès des techniques , la diversité et la généralisation des récepteurs permettent une diffusion universelle et quasi-instantanée de l’information, celle-ci, et pour cette raison même, est plus filtrée que jamais.

Pourquoi cette émotion planétaire devant les images qui nous sont parvenues de la Ghouta orientale ? Parce qu’elles ne fardaient rien. Parce qu’elles nous mettaient en direct, sans filtre et sans caches, les ravages des bombardements, la peur des civils, les pleurs des hommes et des femmes, les visages ensanglantés des enfants assassinés, le massacre des innocents. Parce qu’elles nous éclaboussaient de leur sang.

Dans cet épisode dramatique, les deux camps, comme d’habitude, peuvent être renvoyés dos à dos. Rien n’obligeait Bachar et ses protecteurs russes à lancer cette offensive aérienne de la terreur. Mais ils avaient hâte, sans souci d’accumuler les victimes, de concrétiser et de hâter leur victoire sur le terrain. Rien n’était plus facile pour les milices rebelles assiégées depuis quatre ans dans la Ghouta que de permettre aux habitants civils de la zone qu’elles contrôlent de fuir la zone écrasée sous un tapis de bombes. Mais ces civils, ou plutôt ces otages, constituaient leur seule monnaie d’échange, ils étaient leurs boucliers. Aucune des deux parties en présence n’était dominée ou motivée par des soucis humains. L’accord intervenu après les interminables débats de New York ne s’explique que par la dramatisation, c’est-à-dire l’orchestration spectaculaire de la réalité, qui a soudain déferlé sur les écrans de la planète.

Le cessez-le-feu voté, à l’unanimité des votants, y compris par ceux qui sont parties prenantes dans cette guerre, sera naturellement violé comme tous ceux qui l’ont précédé. Au moins se traduira-t-il, quelques heures ou quelques jours, par une trêve de la violence ou, pour reprendre l’expression de Jean-Yves le Drian, par un répit de la « catastrophe humanitaire » en cours. Et marquera-t-il un éclair de lucidité dans la conscience collective : la plus grande des « catastrophes humanitaires », c’est la guerre.

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