FATIHA BOUDJAHLAT : LE COURAGE ET LA FIERTE

La deuxième conférence-débat organisée par l’Unité nationale citoyenne s’est tenue vendredi 8 décembre au café le Falstaff, à Paris. Succédant à Arnaud Teyssier, Fatiha Boudjahlat, qui nous faisait l’honneur et l’amitié d’y présenter Le Grand détournement,* son livre tout fraîchement paru, y a fait salle comble, pour la plus grande satisfaction de ceux, nombreux, qui avaient pu se libérer pour faire la connaissance de l’auteur et de ses idées.

Qui est Fatiha Boudjahlat ? Une jeune femme française, comme toutes les autres, à ceci près que, fille d’immigrés algériens, seule fille d’une fratrie de sept garçons, élevée par sa mère, elle a dû faire preuve d’une volonté et de qualités exceptionnelles pour devenir enseignante, professeur d’histoire, et qu’elle est fière, à juste titre, d’une ascension sociale qui doit tout au mérite et rien à l’héritage. A cela près que, « chevénementiste de cœur » et engagée un temps aux côtés du « Che », elle partage pleinement avec celui-ci et avec notre mouvement l’amour de la nation et de la République. Avec Céline Pina, elle est d’ailleurs cofondatrice et animatrice de l’association « Viv(r)e la République », dont le nom dit assez clairement l’orientation.

Que ce soit dans l’exercice de son métier, que ce soit sur la scène politique et médiatique, Fatiha Boudjahlat défend avec le même enthousiasme, avec la même ardeur, avec la même ténacité, indifférente aux attaques, aux injures et aux menaces, les valeurs et les principes qui ont fondé la République et les règles, aujourd’hui battues en brèche, de la laïcité. Sur ce chapitre, elle fait preuve d’une intransigeance absolue pour refuser tout accommodement, toute concession, toute capitulation.

Féministe, elle se garde de tomber dans le piège d’une solidarité de mode et de façade qui, désignant tous les hommes comme des brutes et des agresseurs de type porcin, tendrait à institutionnaliser une opposition radicale entre les sexes, à déclarer la guerre aux mâles et à fonder un communautarisme de plus. Son objectif premier, dans un contexte où la liberté des femmes est remise en question par un obscurantisme régressif, est de mener et de poursuivre, en première ligne, une lutte plus que jamais actuelle et même urgente contre leur asservissement et pour leur émancipation des dogmes et des contraintes auxquelles certains prétendent les soumettre au nom de la religion. « Un voile », proclame-t-elle, « même griffé Hermès, est un symbole d’infériorité. » Face à des adversaires qui reprochent à celle qui affiche sans complexe sa foi musulmane d’être infidèle à ses origines et de faire prévaloir, sur l’islamisme, l’humanité, s’il fallait résumer d’un mot le discours, l’action et l’attitude de Fatiha Boudjahlat, ce mot que l’on rencontre plus fréquemment dans les dictionnaires que dans la vie est le mot « courage ».

Jean Magnin

*Le Grand détournement, de Fatiha Agag-Boudjahlat. Editions du Cerf