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HOMME BLANC, QU’AS-TU FAIT DE TON FARDEAU ?


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Chronique de Dominique Jamet...

Ce qui se passe en Libye est abominable. A trois heures d’avion de Paris, à deux heures de Rome, sur la rive Sud de notre chère et vieille Méditerranée, quasiment sous nos yeux, à portée de vue, à portée de voix, des hommes, africains et noirs dans leur quasi-totalité, sont réduits en esclavage. Des images saisissantes nous ont fait suivre l’autre jour sur les écrans de télévision le déroulement routinier d’un marché où de malheureux migrants capturés par des trafiquants locaux étaient mis aux enchères, nous ramenant soudain à des temps que l’on croyait révolus, ressuscitant un monde que l’on disait aboli, celui où l’on pratiquait en toute impunité la traite et la vente des êtres humains.

Un tel spectacle, une telle réalité ne pouvaient que susciter la plus compréhensible, la plus légitime des indignations. De fait, des milliers de manifestants ont clamé hier leur horreur et appelé à faire cesser ce scandale. Mais appelé qui ? Mais appelé où ? Ce n’est pas dans les rues poussiéreuses de Tripoli, de Benghazi, de Tobrouk ou de Misrata qu’ils défilaient, mais dans le quartier des Champs-Elysées, à Paris, où les résidents, les visiteurs et les touristes de passage ne sont à première vue ni directement concernés ni surtout qualifiés pour régler ce sinistre problème.

Pas plus, a priori, que ne l’est notre gouvernement ou tout autre gouvernement européen ou occidental. L’homme blanc n’est plus en charge d’un fardeau qu’il avait pris l’initiative d’assumer sans qu’on l’en eût prié, et qu’il a été clairement incité par les intéressés et supposés bénéficiaires à déposer. L’obligation que nous nous étions imposés de faire, fût-ce malgré lui, le bonheur du monde, n’a plus cours et c’est un véritable tour de passe-passe qui prétend lui substituer sans aucun fondement juridique ou légal celle d’accueillir, fût-ce malgré nous et à notre détriment, toute la misère du monde. Les peuples d’Afrique et d’Asie sont indépendants. Ils se sont affranchis du joug colonial et dans leur immense majorité ne cultivent pas la nostalgie de la période plus ou moins longue – entre un et trois siècles - où ils ont été sous notre domination.

Mais, disent certains, nous sommes encore responsables de l’état où nous les avons mis et laissés. Il est vrai que nous avons lourdement pesé dans leur histoire. Pour le pire, dont on nous invite à nous repentir, comme pour le meilleur, dont nous n’avons pas à rougir. Deux, voire trois générations après qu’ils se sont émancipés, attribuer leur sous-développement, leur retard ou les drames qu’ils vivent à la colonisation est un argument qui perd chaque jour de sa valeur et de sa force. Ni la Chine ni l’Inde ni l’Indonésie ne sont aujourd’hui dans un état d’infériorité par rapport aux grandes puissances coloniales d’hier. C’est plutôt l’inverse qui se dessine et c’est plutôt à leurs propres failles et à leurs propres fautes que tant d’Etats décolonisés doivent de stagner, de croupir, voire de régresser dans l’épreuve de compétitivité à laquelle nous confronte la mondialisation.

La question n’est pas là, nous dira-t-on, mais bien de savoir si nous pouvons accepter la situation révoltante, telle qu’elle vient de nous être révélée, qui prévaut en Libye. Non, sans doute, et la morale la plus élémentaire, si elle pouvait s’appuyer sur la force nécessaire, nous commanderait d’intervenir non seulement en Libye, mais partout où des centaines de millions d’enfants, de femmes et d’hommes sont exploités dans des conditions proches de l’esclavage. Et pourquoi pas là où l’esclavage n’est pas seulement ou pas forcément salarial, mais politique, là où les droits de l’homme sont ignorés, bafoués et réprimés ? Vaste programme…

N’entreprenons donc que ce qui est envisageable, et à défaut de libérer de la dictature la Chine ou le Moyen-Orient, intervenons du moins en Libye, comme nous l’avons déjà si brillamment fait en 2011, zr pour des résultats sans doute aussi probants ! Intervenir ? Mais nous l’avons déjà fait, mais nous n’avons cessé d’intervenir, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, et au Mali, et bien sûr en Libye, pendant l’épisode de comédie qui vit Bernard-Henri Lévy, au comble de ses rêves, assurer l’intérim du ministère de la Défense, du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Droits de l’Homme. Vue de Saint-Germain des Prés, de la terrasse des Deux-Magots ou du zinc du Café du Commerce qui détient lui aussi à l’heure de l’apéro la solution de tous les problèmes, l’intervention armée est la panacée, elle doit être la règle, même si le prix en est le malheur de ceux que l’on prétend secourir et le sang de nos soldats.

Eh bien non, le temps des canonnières est fini. Les interventions militaires, les interventions extérieures dans la vie de peuples jaloux de leur indépendance toute neuve, dans le fonctionnement d’Etats qui en sont tout juste à se construire, la mise à l’écart, l’incarcération, la pendaison ou l’assassinat des despotes qui les faisaient tenir debout n’ont le plus souvent fait que générer puis prolonger, aggraver et étendre le chaos que l’on souhaitait conjurer. Débarrassés de Saddam et de Kadhafi, l’Irak et la Libye sont devenus des abcès, des tumeurs malignes que nous ne savons comment réduire. Par chance, la saine réaction de l’Egypte a chassé les Frères musulmans du pouvoir sur lequel ils avaient mis la main, par bonheur l’appui de l’Iran et de la Russie permettra sans doute à la Syrie d’échapper au cancer islamiste. Il s’en est fallu de peu.

Mais revenons à la Libye. A ceux qui montent sur leurs grands chevaux et leurs vaches sacrées – droits de l’homme, libertés, soutien à des hommes et des valeurs importés d’Occident - disons qu’il ne s’agit pas de ne rien faire, mais bien de faire autrement. Les grandes opérations qui portent les noms de mammifères exotiques ou de grands principes sont vouées à faire long feu, et à échouer ou à se perpétuer au-delà du raisonnable et au prix d’innombrables victimes. La sagesse, la prudence autant que l’humanité nous imposent, sans rester indifférents aux souffrances des hommes, de contribuer autant qu’il se peut à l’émergence de pouvoirs forts et stables partout où il est nécessaire que se constituent ou se refondent des Etats amis, capables et désireux d’opposer des remparts infranchissables au déferlement de la pauvreté, de l’ignorance, de la natalité, de la fragmentation et de l’islamisme rétrograde. Il faut aider massivement à leur développement économique, social, culturel à deux conditions : que l’utilisation des milliards déversés sur les pays nécessiteux soit contrôlée, et que ceux-ci se mettent en mesure de désamorcer l’explosion prévisible de leur démographie. Sur cette base, l’homme blanc et ses semblables de toutes couleurs peuvent et doivent reprendre leur part du fardeau. Recolonisation ? Si l’on veut. Mais pas par les armes. Par le progrès.

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