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MALI : CEUX QUI PARTENT ET CEUX QUI RESTENT


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Chronique de Dominique JAMET...

Le 2 février 2013 est resté gravé dans la mémoire de François Hollande comme le plus beau jour de sa vie politique. Ce jour-là, le président de la République, d’abord accueilli comme un libérateur dans Tombouctou délivrée de la terreur djihadiste, fut acclamé à Bamako par une foule en liesse. En moins d’une semaine, les troupes françaises avaient arrêté les colonnes islamistes qui marchaient sur la capitale du pays, repris Gao, Kidal et Tessalit. L’opération Serval attestait l’efficacité de nos armes et la solidité des engagements de la France envers ses anciennes possessions de l’Afrique francophone.

Plus de huit années ont passé. Quelques milliers de soldats français, enlisés dans les sables du désert, poursuivent leur mission impossible : protéger des menaces, des atteintes et des assauts de combattants insaisissables un territoire aussi vaste que l’Europe. L’opération Barkhane a succédé à l’opération Serval et abouti, de succès en succès, aux prémices de l’échec final. Au Mali, un quarteron de colonels ont renversé le président élu. La gangrène islamiste a gagné le Niger, le Centrafrique, le Burkina Faso. Comble de l’ironie, une partie des populations que nos soldats sont venus préserver au prix de leur vie, contre l’obscurantisme, l’oppression et le massacre supporte de moins en moins non seulement les souffrances et les bavures inhérentes à ce type de conflit, mais la présence même – le retour – de l’ancienne puissance coloniale, absurdement soupçonnée de défendre des intérêts inavouables et de nourrir les plus noirs desseins.

Soixante ans après que l’Empire français, devenu l’Union française, a fait place à une mosaïque d’Etats africains indépendants, la France de 2021 n’a pourtant ni l’intention ni les moyens de remettre la main sur ses anciennes colonies. L’homme blanc d’aujourd’hui peine déjà à porter le fardeau qu’il est pour lui-même. Il est hors d’état d’assumer une charge supplémentaire.

La politique africaine de la France balance désormais entre le trop et le trop peu, entre notre majestueux fauteuil d’ancienne grande puissance rayonnante et conquérante et notre petit strapontin de vieux pays las de la grandeur et rangé des aventures. Ne sachant trop, ou ne voulant pas savoir, où nous en sommes exactement, errant en plein brouillard, nous nous apprêtons sans le dire à reproduire à notre échelle, après des erreurs comparables, une faute majeure analogue à celle des Etats-Unis en Afghanistan.

Lorsque le Mali, submergé par l’offensive des bandes islamistes, nous a appelés au secours, la France pouvait et devait assortir son assistance de conditions qu’elle était alors à même d’imposer, et subordonner son aide à la garantie d’un fonctionnement minimal de la démocratie, élections régulières, contrôle des finances maliennes, interdiction aux militaires de sortir de leurs casernes pour d’autres raisons que la guerre au terrorisme, etc. Moyennant quoi nous nous serions engagés à prolonger notre intervention aussi longtemps que l’ennemi ne serait pas mis hors de combat. Au lieu de quoi, en vertu du respect dû à des régimes qui ne sont pas respectables, de peur de donner prise à des accusations d’impérialisme, nous nous sommes scrupuleusement et sottement gardés de nous ingérer dans les affaires intérieures du Mali. Venus au secours d’un peuple menacé, nous avons donc cautionné un régime impopulaire et corrompu, puis accepté son renversement par une armée de pronunciamiento. Pour finir, nous allégeons notre dispositif au moment où il devrait être renforcé, et nous nous préparons à plus ou moins brève échéance à lever le camp et à livrer ceux que nous étions venus sauver à ceux que nous étions venus combattre. Il nous sera facile d’évacuer nos quelques bases. Les Maliens, eux, n’auront d’autre choix que de rester. Ou de venir grossir, malgré eux, malgré nous, le flot des immigrés que chassent de leur terre natale la misère, la dictature ou la guerre.

Que restera-t-il de notre honneur, que restera-t-il de notre crédibilité à l’issue du processus qui s’amorce ? Autant que de l’honneur et de la crédibilité des Etats-Unis après l’abandon du Vietnam en 1975 et le lâchage de l’Afghanistan en 2021. Peu de chose. Les militaires putschistes qui règnent sur Bamako en ont pris acte. Ne nous étonnons pas et ne feignons pas de nous indigner s’ils reportent leur confiance sur les mercenaires de Wagner. Ces professionnels de la guerre sont actuellement plus fiables que des soldats réguliers contraints par la discipline à exécuter les ordres mêmes qu’ils réprouvent.


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