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A PROPOS DE BOTTES


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Chronique de Dominique JAMET...

Le pire reproche, me semble-t-il, qu’on pourrait faire à la « lettre des généraux » publiée le 14 avril par l’hebdomadaire « Valeurs actuelles », est que cette missive adressée au président de la République aligne dans un style grandiloquent une suite de banalités qui, pour être parfaitement exactes, n’en sont pas moins éculées, tant elles constituent, hélas, le triste menu de notre actualité quotidienne.

La forme étant ce qu’elle est, qu’en est-il du fond, qui en l’espèce importe davantage ? Ce texte, après d’autres, dresse l’impitoyable constat du délitement de notre République, de la dégradation de notre Etat, de l’incurie de nos dirigeants face à la montée du désordre, de la violence, à la menace du chaos. Il dénonce l’extension progressive, sur notre territoire, des zones de non-droit, la montée des séparatismes, des communautarismes. Reprenant et amplifiant la spectaculaire mise en garde de Gérard Collomb, il y a plus de deux ans, au moment où l’ex-maire de Lyon démissionnait du ministère de l’Intérieur, il prédit qu’au « côte à côte » d’une société diverse mais apaisée succèdera immanquablement, « si rien n’est entrepris », le « face à face » de la guerre civile, et qu’il reviendra fatalement à l’armée d’intervenir pour rétablir l’ordre public et la paix sociale. Rien de plus, rien de moins.
Il est dans le destin de Cassandre de n’être pas écoutée. Aussi bien la lettre parue dans « Valeurs actuelles », qui ne fait que reprendre des thèmes vainement développés depuis des années par d’innombrables chercheurs, sociologues, journalistes, hommes politiques et autres lanceurs d’alerte aurait connu le même sort que leurs études, leurs articles, leurs rapports ou leurs discours, sitôt lus sitôt oubliés, ou enterrés, si la liste des signataires n’avait fait événement, et déclenché une tempête aussi violente que brève.

Ce sont en effet une vingtaine de généraux, une centaine d’officiers supérieurs, un millier de militaires de moindre rang qui ont, dans un premier temps, assumé la paternité d’un texte qui, de ce simple fait, a été aussitôt considéré comme subversif. Ce n’est pas tous les jours que la « Grande muette » prend la parole et met les pieds dans le plat. Certes, la plupart de ces signataires, pleinement retraités, ont les mêmes droits que tous les autres citoyens. Mais ce n’est pas le cas de ceux d’entre eux qui, appartenant à la deuxième section, restent théoriquement mobilisables, donc tenus à un devoir de réserve. et s’exposent s’ils y manquent à des sanctions symboliques… ou financières. Et moins encore des dix-huit militaires d’active (sur un effectif total de deux cent mille) qui au mépris des règlements liés à leur statut ont bel et bien ignore la discipline qui fait la force, etc. et sont justiciables des dispositifs et des instances propres à ce grand corps qu’est l’armée.

Pour autant, l’affaire n’aurait pas pris les proportions que l’on a observées si Marine Le Pen, en affirmant qu’elle partageait les sentiments exprimés par les signataires de la lettre et en les invitant à la rejoindre dans sa lutte pour le pouvoir n’avait donné maladroitement un tour politique à une initiative qui se voulait en dehors et au dessus des luttes partisanes.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tir de barrage d’une intensité et d’une violence parfaitement disproportionnées. Passe encore que l’outrancier Mélenchon et ses camarades aient aussitôt évoqué le spectre des généraux putschistes d’Alger, il y a soixante ans, dénoncé les séditieux, les factieux, les fachos et appelé à une répression exemplaire. Mais on a vu une demi-douzaine de ministres, expédiés d’urgence en première ligne, emboîter le pas aux Insoumis sans craindre, en hurlant à leur tour au loup, de donner dans la surenchère. C’est Agnès Pannier-Runacher qui, sahs souci de l’incohérence, tout en ironisant sur « des généraux en charentaises », a feint de voir dans leurs pantoufles de armes de destruction massive. Marlène Schiappa, qui n’en rate pas une, a qualifié de « parti de putschistes » un Front national qui, de sa naissance à aujourd’hui, a scrupuleusement veillé à ne jamais demander aux armes ce qu’il espère obtenir des urnes. Eric Dupond-Moretti a grommelé dans sa barbe que les pires dictateurs sont issus d’élections. La palme revient cependant à l’amusant Darmanin qui a assuré qu’il entendait « des bruits de bottes ». Voilà un garçon qui a l’ouïe fine.

Il s’agissait évidemment d’accréditer la position qui sera celle du président sortant en 2022. M. Macron compte sur Marine Le Pen pour se refaire une virginité. Qu’on se le dise, il a des concurrents, voire des adversaires, mais il n’a qu’un ennemi, contre lequel tout lui sera prétexte à décréter la mobilisation générale et invoquer le bon vieux Front républicain : la candidate du Rassemblement national. Ce qui vient de se passer est la première escarmouche de la campagne présidentielle. A en croire l’épisode inaugural, celle-ci sera violente.

Le canon, pourtant, s’est tu aussi soudainement qu’il s’était mis à tonner. Simple suspension d’armes ? C’est qu’à en croire un sondage, 58% des Français approuvent et partagent le diagnostic, les préoccupations et les prévisions des auteurs de la lettre fatale. Il n’a pas échappé aux fins observateurs de l’Elysée et de Matignon qu’il pourrait être contre-productif de traiter plus de la moitié de la population en factieux. Ces 58% ne souhaitent pas l’appel à l’armée. Ils le redoutent au contraire mais sont de plus en plus près de le considérer comme inéluctable. C’est sans doute ce que Philippe de Villiers appelle l’insurrection des consciences.


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