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AFGHANISTAN : AMERICA IS BACK…HOME


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Chronique de Dominique JAMET...

Peu avant de passer la main, de fort mauvais gré, à son vainqueur, Donald Trump avait programmé pour le 1er mai 2021 le retour au pays des dernières troupes américaines stationnées en Afghanistan. Mettant précautionneusement ses pas dans ceux de son turbulent prédécesseur, Joe Biden vient de fixer l’achèvement de cette évacuation au 11 septembre prochain.

11septembre ? Le choix de cette date est pour le moins curieux. Certes, il fait symbole. Mais symbole de quoi d’autre que du plus piteux des échecs ?

Le 11 septembre 2001, s’en souvient-on encore, l’attentat contre le World Trade Center de New York, organisé de loin par Oussama Ben Laden, faisait trois mille morts Pour venger ces victimes innocentes, pour punir le gouvernement des talibans qui avait fourni aide, assistance et abri au fondateur d’Al Qaida et peut-être avant tout pour proclamer à la face du monde qu’on ne défie pas la première puissance de la planète sans en payer lourdement les conséquences que dès le mois d’octobre, les forces de l’OTAN, sous la direction effective des États-Unis, avaient envahi l’Afghanistan, balayé les talibans, contraint leur protégé à entrer dans la clandestinité et installé à Kaboul un nouveau gouvernement.

Vingt ans après, après que mille milliards de dollars ont été investis dans la guerre et la transformation de la société afghane, après que quelque cinq mille soldats occidentaux sont tombés sur le sol afghan et que quelques dizaines de milliers d’Afghans ont péri dans des combats, des attentats ou sous les bombes de la coalition, quel bilan tirer de l’expédition lancée par George W. Bush et plus ou moins mollement poursuivie sous trois présidents américains ?

Dans un premier temps, que la démonstration de force avait fonctionné, frappant de stupeur les talibans, réduits à se réfugier au Pakistan voisin. Les diverses minorités ethniques, Tadjiks, Hazaras, Uzbeks, avaient non seulement applaudi mais participé à la déroute de leurs persécuteurs. La fraction la plus évoluée et la plus urbaine de la population, enfin, avait cru au vent nouveau de liberté et de modernité soufflant sur un pays délivré de la faction qui au nom d’Allah, l’avait courbé sous le joug d’une tyrannie obscurantiste et sanguinaire.

Au fil des ans, la situation s’est lentement et inexorablement dégradée. La présence étrangère, d’abord tenue pour positive, a été de plus en plus mal supportée. Les libérateurs se sont mués dans l’esprit d’un nombre croissant d’Afghans en envahisseurs. La greffe maladroite de la démocratie occidentale, incarnée par des politiciens corrompus, n’a pas pris. Un moment abasourdie, mise à l’écart et réduite au silence, la majorité pachtoune s’est ressaisie et est entrée en résistance contre l’occupant, ses vassaux et ses collaborateurs. Les talibans ont progressivement retrouvé l’appui actif d’une population rurale massivement attachée à sa religion, fidèle à ses pratiques ancestrales et farouchement xénophobe. L’autorité du gouvernement fantoche qui ne tient que par la force des baïonnettes s’arrête aux portes de Kaboul et de quelques grandes villes.

L’Empire britannique, encore au faîte de sa puissance, s’était déjà cassé les dents sur l’Afghanistan et avait été contraint, en 1921, de reconnaître à ce pays une indépendance qu’il refusait à l’Inde. La résistance afghane, puissamment aidée, il est vrai, par la CIA, après dix ans de guerre ou plutôt de guerilla, avait fait plier l’URSS de Brejnev. C’est au tour des Etats-Unis de baisser les bras face à un peuple décidément allergique au cocktail indigeste de la soumission et de la modernité.

On comprend que le président Biden ait décidé d’arrêter les frais d’un conflit sans issue apparente où, pour reprendre ses termes frappants, les « boys » ont l’âge d’être les enfants de ceux qui étaient intervenus en 2001. La décision qu’il a prise n’en est pas moins un retentissant aveu d’ échec En campagne contre Trump, Joe Biden avait opposé comme un leitmotiv au fameux MAGA de son adversaire : » Make America great again », Rendre sa grandeur à l’Amérique, son propre leitmotiv : « America is back », l’Amérique est de retour. Il n’avait pas averti ses électeurs qu’il fallait comprendre « America is back home », l’Amérique est de retour à la maison.

Certes, ce retrait et ce repli sur soi n’ont pas l’ampleur du désastre vietnamien. L’Amérique n’a pas perdu de bataille. Mais, militairement invaincue, elle a perdu la guerre sur les plans politique et psychologique. Les adversaires plus ou moins déclarés comme les amis plus ou moins fragiles des États-Unis, Russie et Ukraine, Chine et Taïwan, ne peuvent qu’interpréter comme un signe de faiblesse ce renoncement à un fardeau jugé trop lourd. L’ex-gendarme du monde a flanché face à une puissance de troisième ordre.

Le glas sonne déjà pour le régime afghan. Combien de temps tiendra-t-il après le départ des Américains ? Un mois ? Un an ? Des dizaines, des centaines de milliers de soldats, de policiers, d’intellectuels, de professeurs, d’étudiants, de commerçants, d’interprètes, d’anonymes, et leurs familles se sont compromis avec des maîtres qui n’étaient que de passage. Ils ont cru à des promesses, à des serments, à des engagements qu’emporte le vent de l’histoire. Quel destin les attend ? Celui que les Français ont réservé aux Méos, aux Hmongs, aux catholiques vietnamiens qu’ils avaient embarqués dans leur guerre et qu’ils ont oubliés quand ils ont plié bagage ? Celui que la France a réservé aux harkis, abandonnés aux atroces représailles du FLN ? Celui qu’ont connu les boat people ? Le président Biden y a-t-il songé ? Saura-t-il y pourvoir ? On aimerait qu’un désastre humain n’entache pas la défaite politique et qu’après la chute de Saigon, la chute de Phnom Penh, celle de Kaboul ne vienne pas ajouter une nouvelle page de honte au Livre noir de l’Occident.


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