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Le prédateur Américain

La vente ALSTHOM-GENERAL ELECTRIC


L’ancien Président François MITTERRAND, au crépuscule de son mandat, se confiant à Georges-Marc BENAMOU, avait eu une phrase prémonitoire : « la France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment, et pourtant une guerre à mort. »

On pourra aujourd’hui apprécier ce moment de lucidité, mais regretter qu’il soit oh combien tardif, alors qu’il a accompli deux mandats, de 1988 à 1995, appelé à voter « oui » au référendum sur le traité de Maastricht, et approuvé de nombreux traités du GATT, puis de l’OMC !

Frédéric PIERUCCI, alors patron de la branche Asie d’Alsthom énergie, l’a appris à ses dépends, et le raconte dans un livre passionnant écrit avec le journaliste Matthieu ARON : « Le piège Américain », paru chez l’éditeur JC Lattès.

Son aventure a commencé en avril 2013, à la sortie de l’avion qui l’amenait, pour raisons professionnelles, de Singapour sur l’aéroport JFK de New-York, lorsque deux agents du FBI l’ont cueilli, menotté sans ménagements, et emmené au siège du F.B.I. à Manhattan, puis devant un procureur, et qu’il s’est retrouvé dans une prison de haute sécurité au milieu des pires délinquants.

Il dénonce un véritable système de racket au profit du gouvernement fédéral Américain, un système de déstabilisation et de rachat, d’accaparement d’entreprises étrangères par la contrainte, au profit d’entreprises Américaines, avec l’aide du Département de Justice Américain et le F.B.I.

Remontons le cours de l’histoire récente : les USA sont les maîtres du monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Déjà, avant la chute du mur de Berlin, ils ont pu dénoncer unilatéralement les accords de Breton Wood, en ne donnant plus aucune garantie or sur les émissions de monnaie en dollars, sans que cela ne déclenche une réelle réaction des « occidentaux », à part peut-être une désapprobation à peine appuyée du Président Pompidou !

Puis il y a eu le trop fameux WATERGATE. En enquêtant sur ce scandale politique, la justice Américaine met au jour un gigantesque système de financement occulte et de corruption d’agents publics étrangers. Quatre cents entreprises américaines se retrouvent impliquées. A titre d’exemple, le Comité du Sénat Américain en charge de l’enquête révèle que des membres du Conseil d’administration de la firme LOCKHEED ont versé des dizaines de millions de dollars de pots de vin à des responsables politiques et des dirigeants d’entreprises publiques en Italie, en Allemagne, en Hollande, au Japon, en Arabie Saoudite, y compris plus d’un million de Dollars au prince Bernhard, mari de la Reine Juliana de Hollande, pour vendre leurs chasseurs F04 au détriment des MIRAGE Français, pourtant meilleurs sur bien des points !

Ce scandale entraîne l’administration de Jimmy CARTER à légiférer pour interdire ces pratiques ; Le Foreign Corrupt Practice Act (F.C.P.A.) charge le Départment Of Justice (D.O.J.) au pénal, de poursuivre les individus et les entreprises qui enfreignent la loi, et la Security Exchange Commission (S.E.C.), au civil, de s’attaquer aux sociétés soupçonnées d’avoir falsifié leurs comptes pour masquer les versements de pots de vin.

Dans un premier temps, devant les protestations des grands majors Américains, qui voient bien la différence de traitement par rapport à leurs concurrents étrangers, qui n’ont pas adopté de telles lois, les autorités Américaines ne feront pas de zèle pour appliquer cette loi !

Pourtant, les grosses entreprises Américaines ont bien vu le bénéfice qu’elles pourraient en tirer : en 1998, elles obtiennent gain de cause : le Congrès modifie la loi afin de la rendre extraterritoriale !

Les Américains considèrent que le fait de conclure un contrat en dollars, mais même d’utiliser des mails sur des serveurs basés aux Etats Unis (comme des adresses G Mail ou Hot Mail) leur donne un droit de poursuite !

C’est ainsi que les Etats Unis transforment une loi qui pouvait fragiliser leur propre industrie en un fabuleux outil d’ingérence et de guerre économique.

Un nouveau grand bond en avant sera franchi avec le Patriot Act de 2003, suite aux attentats du 11 septembre 2001, qui donne aux agences Américaines, CIA, FBI, NSA, le droit d’espionner massivement les entreprises étrangères et leurs employés, sous couvert de lutte contre le terrorisme. Sont alors incluses les transactions avec les Etats « voyou » sous embargo, CUBA, LIBYE ou IRAN notamment.

Certes, qui pourrait refuser la lutte légitime des Etats que l’on appelle civilisés contre la corruption, contre le terrorisme ?

Pourtant, le scandale PRISM, qui a éclaté en 2013 suite aux révélations d’Edward Snowden, a révélé une entreprise massive d’espionnage, avec la participation des grandes entreprises numériques Américaines Google, Facebook, You Tube, Microsoft, Yahoo, Skype, AOL et APPLE !

Parallèlement, les autorités Américaines n’ont cessé de mener campagne auprès de l’OCDE pour que les pays membres de l’organisation adoptent, eux aussi, des législations anti-corruption, ce que fera la France à partir de mai 2000. Sauf que les Nations Européennes n’ayant ni les moyens, ni même l’ambition de promulguer des lois extraterritoriales, elles se sont trouvées prises au piège. En ayant adhéré à la convention anticorruption de l’OCDE, elles ont autorisé de facto les Etats Unis à poursuivre leurs propres entreprises, sans s’être dotés des moyens juridiques nécessaires pour s’attaquer elles-mêmes aux entreprises américaines. Tout le monde est tombé dans le panneau … enfin presque puisque la Chine, la Russie ou l’Inde ne font pas partie de l’OCDE et se sont bien gardées d’adopter des lois anti-corruption !
On atteint des situations ubuesques, par exemple l’affaire KBR, filiale d’HALLIBURTON alors dirigée par Dick CHENEY, futur Vice Président des Etats-Unis. KBR s’allie avec le Français TECHNIP et les Japonais JGC et MARUBENI pour équiper un énorme champ pétrolier au Nigéria, représentant un dossier de 2 milliards de dollars. KBR organise pour le consortium le versement de 188 millions de pots de vins au profit de dirigeants Nigérians, par l’intermédiaire d’un cabinet d’avocats Londoniens. L’affaire s’ébruite et tombe sur le bureau d’un juge d’instruction Français qui met en examen l’intermédiaire Londonien. Les Américains n’ont d’autre choix que d’ouvrir à leur tour une enquête, et passent un accord avec la France. Le magistrat Français se dessaisit, dans la mesure où les autorités Américaines ont lancé leur propre procédure. Or, ils découvrent que les dirigeants de KBR ont touché d’énormes rétro commissions ! Ils ne peuvent plus reculer, mais les peines seront extrêmement légères par rapport aux sommes engagées, et comparées aux affaires qui seront jugées parallèlement : le PDG de KBR, qui avait quand même touché 10 millions de dollars sur les 188 ne sera condamné qu’à 30 mois de prison. TECHNIP, alors que l’affaire a été révélée par un juge Français, sera condamné à une amende de 338 millions de dollars, à payer … à l’administration Américaine, et non au gouvernement Français !!

En clair, lorsque le D.O.J. est informé d’un délit de corruption, trop souvent en collaboration avec les grandes entreprises numériques Américaines, tout un processus se met en route, en précisant que dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de pots de vin arrivant dans les poches d’Al Kaïda ou de l’État Islamique, mais bien dans celles de politiciens de dirigeant, ou de hauts fonctionnaires corrompus. Dans le dossier qui est reproché à ALSTHOM et à Frédéric PIERUCCI, il s’agissait d’un chantier en Indonésie, sous le régime du clan SUHARTO, grand ami des Américains et soutenu « à bouts de bras » par Washington. Il est des hypocrisies qui ne manquent pas de sel !

Donc le DOJ envoie un courrier à l’entreprise pour l’informer qu’il possède contre elle suffisamment de preuves de pratique de corruption pour l’inculper, la traîner devant les tribunaux Américains, avec toutes les conséquences pour elle et ses dirigeants, mais qu’elle peut coopérer et s’amender.

Si elle accepte, et l’expérience montre que c’est néanmoins dans son intérêt, elle doit fournir volontairement un dossier à charge contre elle, et indiquer les mesures qu’elle va prendre pour éviter de telles pratiques.

C’est là que l’affaire devient assez savoureuse : l’entreprise s’adresse alors à un cabinet d’avocats, anglo-saxon dans 99,9% des cas, avocats aux honoraires exorbitants, pour s’accuser elle-même, fournir aux autorités Américaines des milliers de documents confidentiels, dont la confidentialité sera très aléatoire une fois fournis, et, si un accord est trouvé, une fois une amende, dont le montant se monte en centaines, voir en millions de dollars, payée au Département de Justice Américain, elle devra pendant une période de trois ans, continuer à régler des honoraires toujours aussi exorbitants au cabinet d’avocat qui sera chargé de contrôler que les engagements de l’entreprise seront bien tenus !!! Et bien heureux si les dirigeants échappent à la prison !!

Le bilan pose néanmoins problème : sur les 10 dernières années, 15 Banques ont été condamnées à verser quelques 18 milliards de dollars au fisc Américain, 14 Européennes et une seule Américaine, la JP MORGAN … et encore ne représente t’elle que 88 millions de dollars sur le total. Lorsque l’on sait comment se sont comportées les banques Américaines dans le scandale des subprimes, et comment GOLDMAN SACHS a conseillé le gouvernement Grec pour présenter un dossier mensonger pour lui permettre d’entrer dans la zone Euro, on peut se poser légitimement des questions… au moins une, mais que fait l’Europe ?

Personnellement, je ne pense pas que la nomination de Mario DRAGHI, directeur de la zone Europe de GOLDMAN SACHS à l’époque des faits, montre une volonté de l’Union Européenne de défendre ses intérêts et ceux de leurs entreprises !
Car, concernant les entreprises, le constat est le même : 26 entreprises ont été condamnées à payer 8 872 millions de dollars : 5 sont américaines et ont été condamnées à régler 1 774 millions, 14 Européennes ont réglé 5 339 millions et 7 autres 1 759 millions !!

C’est dans cet état d’esprit que le dossier ALSTHOM-Général Electric est devenu un vrai scandale d’Etat !

De nombreuses questions se posent :

• Sachant que la France laisse partir chez le N° 1 mondial américain une entreprise hautement stratégique. Le domaine de l’énergie est crucial pour notre indépendance nationale, ALSTHOM produit et entretien les 58 réacteurs de nos centrales nucléaires, les turbines « ARABELLE » des réacteurs EPR, il produit les turbines de propulsion de notre porte avions Charles de Gaulle et celles de notre flotte de sous marins nucléaires. ALSTHOM possède une technologie que le monde entier nous envie !
• Sachant que Patrick KRON, PDG d’ALSTHOM, se sait sous le coup d’une enquête du D.O.J. Américain pour corruption, et que son entreprise, comme lui, risquent une très forte amende (qui pourrait se chiffrer en milliards d’€), mais aussi une très lourde peine de prison, comment se fait-il qu’il a négocié cette vente avec l’aide de 2 cadres de son entourage, sans en avertir ni son conseil d’administration, ni le gouvernement ?
• Sachant que la banque ROTSCHILD est la banque du groupe BOUYGHES, qui est entré au capital d’ALSTHOM à la demande du Président SARKHOZY, et qui ne cache pas son désir de revendre ses parts, sachant que c’est aussi la banque d’ALSTHOM et qu’Emanuel MACRON y a exercé un poste de haute responsabilité, comment se fait il que, à peine arrivé au service de François HOLLANDE à l’Elysée, il commande à un cabinet Anglo-saxon un rapport resté secret au sujet de l’avenir de l’entreprise. Sachant que ce rapport resté secret concluait par un conseil de vente d’ALSTHOM Energie à G.E. (voir le Canard Enchaîné) et qu’Emanuel MACRON a défendu cette option en réunion au palais de l’Elysée devant le chef de l’Etat ;
• Sachant aussi qu’Arnaud MONTEBOURG, dès qu’il a eu vent de l’affaire, a demandé au cabinet Allemand Roland BERGUER, dit à peu près le contraire du cabinet Anglo saxon !
• Lorsque l’on voit aujourd’hui ce que fait Général Electric des promesses pourtant publiques de son P.D.G. concernant l’emploi, que les deux P.D.G. ont menti en présentant l’opération comme une alliance 50/50 alors que dans les faits, ALSTHOM à 50% moins une action,
• Sachant que Patrick KRON a affirmé de manière arrogante à l’Assemblée Générale des actionnaires d’ALSTHOM qu’il n’y avait pas d’autres solutions et que seul l’avenir de l’entreprise l’avait motivé, et s’est fait attribuer en « remerciements » 4 millions de bonus !!
• Et enfin, comment ne pas constater qu’ALSTHOM est la 5ème entreprise achetée par Général Electric dans ces conditions, la précédente se nommant In Vision Technologies, accusée d’avoir versé des pots de vin pour la construction de détecteurs d’explosifs sur des aérodromes de Chine, Thaïlande ou aux Philippines, et que pratiquement tous ses concurrents internationaux avaient été mis en examen et condamnés à de lourdes amendes, comme ABB, SIEMENS, HITACHI.

Il y a quand même matière à se poser pour le moins des interrogations.

Le monde libéral mondialiste que l’on essaie de nous vendre est un monde merveilleux, et l’on se demande si nous pouvons encore organiser la décolonisation de notre pays ! Je sais que la servitude est une question d’habitude, mais j’avoue avoir un peu de mal à m’y faire.

Comment résister à cette consanguinité qui existe entre le monde de la politique et le monde des affaires ? Dans l’affaire ALSTHOM, comment ne pas constater que Patrick KRON faisait partie de la soirée au FOUQUET’S le soir de l’élection de Nicolas SARKHOZY en 2007, que Clara GAYMARD est la femme d’un ancien ministre, et que le mari de Valérie PECRESSE est parachuté en 2010 chez ALSTHOM à la tête du business des énergies renouvelables, et qui a ensuite été nommé en charge de l’intégration des équipes GE/ALSTHOM, puis de l’ensemble des activités énergie renouvelables de G.E.

Personnellement, je ne me résous pas au déclassement programmé de notre patrie… mais la tâche est immense, et elle ne passe que par l’appui de nos compatriotes, mais le comprendront-ils, et surtout le voudront-ils ?

Didier HAMELIN


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